Culture Scientifique et Technique
Cycle de conférence 2016
Conférence du lundi 6 juin
Humain augmenté, anthropotechnie et corps modifiés
La question de l’humanité augmenté (human enhancement) et de l’anthropotechnie est en train de se diffuser, même si elle est souvent confondue avec le transhumanisme.
Encore convient-il de préciser ce qu’on entend sous ces deux premiers termes : le moyen de modifier le corps à des fins non-médicales. Il s’agit ainsi d’accroître l’intelligence, d’augmenter les capacités physiques, de maîtriser la procréation, de moduler l’humeur, d’aller vers une immortalisation, de transformer l’esthétique, ou de prothétiser un être humain.
Les enjeux sont aussi multiples que les interrogations qu’ils suscitent.
Qu’est-il déjà possible et qu’est-il probable ?
Quels en sont les risques et les bénéfices ?
Dans la concurrence entre individus, que penser de la pression de performance s’ils sont poussés à modifier leurs corps et leurs psychisme ?
Faut-il considérer cela comme un dopage, donc une tricherie et un danger ?
Comment faire la part entre usages aliénants et usages épanouissants ?
Comment s’assurer de la sécurité des produits et des services ?
Quelles dépendances y aura-t-il vis à-vis des fournisseurs de ces modifications du corps ?
Quelles régulations (sociales et juridiques) pourraient voir le jour ?
Les individus ne risquent-ils pas de devenir des produits ?
Comment mettre au contraire ces moyens au service de leur affirmation en tant que personne ?
Faudrait-il envisager une prise en charge par la protection sociale ou une mutuelle afin d’atténuer les inégalités qui pourraient s’ensuivre ?
Lorsque des questions aussi importantes que les caractéristiques du corps et les aptitudes mentales sont en jeu, n’est-ce pas une question de condition(s) humaine(s) qui se trouve posée ?
Si l’homme est son projet comme le disait Jean-Paul Sartre, quel(s) projet(s) souhaiter parmi la multitude possibles ?
Jérôme GOFFETTE
Jérôme Goffette est Maître de conférences en Philosophie des Sciences, HdR, Université Claude Bernard Lyon 1, École Normale Supérieure de Lyon, Laboratoire S2HEP (Science et Société ; Historicité, Education et Pratiques).
Sa réflexion porte sur les changements contemporains dans les pratiques médicales et anthropotechniques. Il est l’auteur notamment de Naissance de l’anthropotechnie (Paris, Vrin, 2006), a codirigé plusieurs ouvrages et écrit de nombreux articles.
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Conférence du lundi 4 avril
De l’humain augmenté au transhumain :
Que devient l’Homme face à ses technologies ?
S’il est certain que l’Homme, fort de son intelligence et de son habileté, s’est depuis toujours ingénié à façonner le monde pour se rendre, selon la maxime cartésienne, «comme maître et possesseur de la Nature», les avancées technologiques récentes portent avec elles leur lot d’espoirs, mais aussi d’interrogations nouvelles sur le devenir de l’être humain.
La convergence technologique entre nanotechnologie, biotechnologie, informatique et sciences cognitives (NBIC) alimente un discours idéologique sur une «augmentation» de l’humain qui trouve un écho dans les milieux politique, économique et médiatique, suscitant à la fois fascination et répulsion.
Le transhumanisme, courant de pensée originaire des Etats-Unis, plaide pour une prise en main par l’être humain de sa propre évolution, assisté par des technologies qui lui en donneraient le pouvoir.
Sous des formes diverses, il impose un discours qui interroge les fondements même de la nature de l’Homme et de son avenir, d’autant plus audible que des contre-idéologies peinent à se structurer et à émerger.
Mais que cache réellement cette idéologie ? Il s’agit aujourd’hui de mettre en lumière un certain nombre de fondements philosophiques et éthiques qui la sous-tendent, pour mieux les comprendre mais aussi pour mieux les contrer.
Edouard Kleinpeter
Édouard Kleinpeter est ingénieur de recherche CNRS, responsable de médiation scientifique, à l’Institut des sciences de la communication (CNRS - Université Paris Sorbonne - Université Pierre et Marie Curie).
Son travail s’oriente actuellement selon deux thématiques : l’interdisciplinarité et l’augmentation humaine.
Il est animateur scientifique du pôle «Santé connectée et humain augmenté» dirigé par le philosophe Jean-Michel Besnier, professeur à l’université Paris Sorbonne. Ses projets de recherche portent sur l’hybridation entre le corps et la technologie afin, en particulier, de soulever les enjeux éthiques, philosophiques, psychologiques et anthropologiques de la dialectique entre réparation et augmentation.
Il s’intéresse également aux discours et imaginaires véhiculés par le concept d’humain augmenté et l’idéologie transhumaniste. Il a publié plusieurs articles sur la thématique et a notamment dirigé l’ouvrage «L’humain augmenté» (CNRS Éditions, coll. « Les Essentiels d’Hermès », 2013).
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Conférence du lundi 7 mars
Homme réparé, homme augmenté ?
L'objet de cette présentation sera d'aborder le décalage entre la réalité technique et l'imaginaire technologique, ses causes et ses conséquences, principalement dans le domaine de la robotique médicale (de réparation et d'assistance).
La conférence permettra aussi de faire le point sur l'avancée des nouvelles technologies appliquées au handicap.
Nathanaël JARRASSE
Nathanaël Jarrassé est chargé de recherche CNRS à l’Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique (ISIR) de l'Université Pierre et Marie Curie à Paris, et chercheur associé au département de Bioingénierie de l’Imperial College London.
Ses recherches portent sur l’interaction physique homme-robot pour des applications médicales (prothèses, exosquelettes et robots de rééducation), le contrôle moteur humain, mais aussi l'appropriation des dispositifs techniques et les relations entre technologie et société.
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Conférence du lundi 1 février
Information, communication :
l’Homme a-t-il encore un statut dialogique ?
Le robot comme interactant est souvent un agent cognitif et biologiquement inspiré par l'homme, conçu pour communiquer. Au-delà des questions classiques concernant la plausibilité des artefacts intelligents, des interrogations subsistent au sujet de la pertinence de ces nouvelles implémentations computationnelles et robotiques dans notre société.
Ce sont des questionnements couramment inspirés et enrichis par la littérature sociologique, psycho-ergonomique et philosophique ainsi que par les besoins en cours d'élaboration grâce à nos imaginations et à notre environnement. Les modifications effectuées sur l'inspiration d'origine, plutôt humaine ou animale, constituent en quelque sorte des “détournements” du modèle mais parfois amènent à un progrès inattendu en terme de dialogue personne-machine ou en terme de simplification d'interfaces. Dans cette conférence, nous nous attacherons plutôt à l'aspect épistémologique et transdisciplinaire du déploiement et des perspectives des artefacts communicateurs.
Aussi, nous traiterons la question de savoir si les robots ne dépassent pas déjà, dans un souci de rehaussement de leur propre acceptabilité auprès du public, le rôle qui leur est ordinairement attribué par le philosophe. Le recours aux notions de référence et de dialogisme, fondement du logos et défenseur de la communicabilité humaine, sera ici essentiel.
Colin SCHMIDT
Maître de Conférences, Equipe P&I (Laboratoire Angevin de Mécanique, Procédés et innovation), ENSAM.
Ses thématiques de recherche portent notamment sur l’épistémologie de la communication artificielle et naturelle.
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Conférence du lundi 4 janvier
Nanotechnologies, biotechnologies, intelligence artificielle, sciences cognitives (NBIC) :
La rencontre entre science, technique et idéologies
Porteurs d’espoirs évidents dans le traitement de maladies ou des handicaps, l’évolution des technologies appliquées à l’être humain entraîne aussi une recomposition de la représentation de l’Humanité : rapport à la mort, remise en question de tous les critères anthropologiques à partir desquels s’articule l’existence humaine, autant de bouleversements sociaux, culturels, économiques, démographiques qui vont baliser notre horizon…
Cette séance d’introduction au cycle de conférences interrogera les enjeux et les controverses en cours autour de la figure de « l’humain augmenté » et sur le sens et les enjeux de la notion d’augmentation, la transformation de notre rapport identitaire au corps, ainsi que la problématique du transhumanisme et du futur qu’il dessine.
Eric Malmassari
Responsable de la diffusion de la Culture Scientifique Technique et Industrielle au CNAM-Centre,
psychosociologue et psychologue du travail, spécialisé dans l’épistémologie des sciences humaines et sociales
et les mécanismes de régulation sociale des croyances et des idéologies.
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